Vendredi 30 novembre dernier, aux environs de 17h30, alors que la capitale Brazzaville était secoué par un orage, un cargo de type Iliouchine 76 exploité par la société Aéro-Service, a fait un crash, au moment de son atterrissage à l'aéroport international Maya-Maya. Selon des témoins, un des moteurs de l'appareil a pris feu, en l'air et, après avoir perdu de l'altitude, l'avion a heurté des maisons d'habitation, au quartier Makazou, dans le septième arrondissement, Mfilou, avant de tomber dans un petit ravin, en se disloquant, à cent mètres de l'aéroport. Bilan: trente-deux morts dont les six membres d'équipage et un gendarme en mission, de nombreux blessés et d'importants dégâts matériels. Attristé, le président de la République, Denis Sassou-Nguesso, qui s'est rendu sur le lieu du crash, samedi 1er décembre, a annoncé l'ouverture d'une enquête, et il a promis que le gouvernement soutiendra les familles éprouvées, tout en assistant les blessés dans les différents centres hospitaliers.
Il était environ 17h30, quand le crash s'est produit. Le cargo Iliouchine 76, qui survolait le quartier Makazou, à Mfilou, tentait d'amorcer son atterrissage à l'aéroport international Maya-Maya. Soudain, il a commencé à perdre de l'équilibre dans les airs. Un de ces moteurs venait d'être endommagé par la foudre qui accompagnait la forte pluie orageuse qui tombait sur la capitale. Les pilotes ont, certainement, tenté un atterrissage forcé, dans l'enceinte de l'aéroport, d'après les explications d'un officier de l'armée de l'air. L'avion ne pouvait plus correctement injecter le kérosène qui pouvait lui permettre d'assurer son atterrissage. Déséquilibré, il a, d'abord, heurté un palmier, puis rasé cinq habitations, avant d'aller terminer sa course dans le ravin où passe la rivière Mfilou, non loin du rond-point de la Frontière, sous une pluie battante qui, elle aussi, a entraîné sa part de dégâts dans la ville.
Les populations du quartier enclavé de Makazou, quartier à forte concentration humaine, ne pouvaient que constater l'horreur. Une boule de fumée commençait alors à monter vers le ciel. Des pleurs se sont entremêlés aux cris de désarroi. Le Congo venait, une fois de plus, de perdre ses filles et fils, arrachés brutalement et atrocement à la vie. Certaines victimes sont des élèves qui revenaient de l'école, d'autres des travailleurs qui revenaient du boulot, d'autres encore des enfants accompagnés de leurs parents ou se trouvant dans leurs maisons. Il y a eu aussi des victimes parmi les personnes qui s'étaient abritées dans des débits de boisson, pour se protéger contre la pluie.
La consternation était grande. Des corps calcinés, certains décapités et d'autres ayant perdu des membres, parce que fauchés par les débris du cargo, jonchaient les rails du chemin de fer, la ruelle avoisinante, d'autres enfouis dans les décombres des maisons détruites ou perdus dans le ravin.
Sitôt, la population s'est ruée sur les lieux. Dans l'obscurité, quelques inciviques ont commencé à piller le cargo qui transportait six véhicules, des tonnes de marchandises dont des pagnes super wax, des appareils électro-ménagers et des munitions de chasse qui ont exposé à la suite des flammes occasionnés par le crash. Encore une histoire de munitions, dira-t-on. Le constat était triste et ahurissant. La douleur, l'émotion, la consternation et parfois même la colère gagnaient les c½urs. Dans sa chute, l'avion-cargo s'est éclaté, à telle enseigne que les débris de l'épave se sont éparpillés jusqu'à tuer des paisibles citoyens dans un rayon donné.
Arrivés sur les lieux quelques instants après l'accident, les sapeurs-pompiers se sont mis à éteindre les flammes dont certains foyers continuaient à bruler jusqu'au matin du samedi. Les agents de la Croix-rouge congolaise étaient aussi actifs toute la nuit, pour récupérer les corps et les transporter à la morgue municipale. Par manque d'équipements nécessaires, l'opération a continué le samedi matin, avec quatre agents de la morgue municipale mal équipés et vêtus de tenues inappropriées pour ce genre de travail. Six corps décapités ont pu être encore retirés des débris.
En tout cas, jusqu'à 10h, le samedi matin, aucune intervention du gouvernement n'était constatée sur les lieux. Pas d'ambulances, ni de corbillards, ni de personnel médical ou d'équipes de secouristes n'étaient sur les lieux. Les mêmes flottements constatés lors du drame du 4 mars se sont répétés. Le crash du cargo de l'Aéro-service a démontré, une fois de plus, que le Congo n'a pas une politique efficace de gestion des catastrophes. Les équipes en présence ont tâtonné et c'était, parfois, à la population de découvrir certains corps ou des parties de corps humains. Toute la nuit, la pluie a rendu difficile les secours et la recherche des corps dont 13 seulement étaient identifiés à la morgue municipale.
Les blessés ont été admis dans les différents hôpitaux de la ville. Cinq au C.h.u.b (Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville), 19 à l'hôpital militaire Pierre Mobengo et sept à l'hôpital de base de Makélékélé. Soit un total de 31 blessés. Quant aux morts, à l'heure où nous bouclons, c'est-à-dire lundi 3 décembre, le chiffre avancé est de 32.
Affligé par ce drame, le chef de l'Etat, Denis Sassou Nguesso, s'est rendu sur le lieu du crash, en compagnie de quelques membres du gouvernement. Après avoir constaté l'ampleur des dégâts, il a exprimé sa compassion aux familles éprouvées et son indignation devant l'ampleur du drame. «On ne sait pas ce qui s'est passé. L'avion a heurté un palmier dans le fond. Ce sont des séries de situations dramatiques qui attristent le peuple, les dirigeants et le président en premier. Voilà, pourquoi nous sommes venus nous rendre compte, sur le terrain, de la situation de cet accident», a déclaré Denis Sassou-Nguesso, qui a exprimé ses condoléances aux familles éplorées et souhaité prompt rétablissement à celles et ceux des blessés admis dans les hôpitaux.
Par ailleurs, le chef de l'Etat a fait savoir qu'une enquête sera ouverte pour déterminer les responsabilités de ce crash. Toutefois, il a précisé que le gouvernement assurera toutes ses responsabilités, au même titre que la compagnie aérienne. «Le gouvernement prendra toutes ses responsabilités, pour soutenir les familles qui sont ainsi éprouvées. L'enquête se déroule, nous ne pouvons pas conclure, aujourd'hui, et dégager les responsabilités des parties. Mais, en attendant, le gouvernement va assumer toutes ses responsabilités sur les questions humanitaires, le suivi de l'enquête et le soutien aux familles éprouvées. Toutes les dispositions sont prises», a-t-il dit.
La série noire des drames qui endeuillent la nation n'a pas laissé indifférent le chef de l'Etat. «Ces derniers temps, au niveau des climats, on a suivi des catastrophes: des pluies diluviennes dans le Pool et la Cuvette. Dernièrement, il y a eu encore des inondations graves à Pointe-Noire, avec des pertes humaines et des dégâts matériels importants. Hier (vendredi 30 novembre), tout le monde a suivi une tornade avec des tonnerres impressionnants. On n'était pas en mesure de penser qu'un avion pouvait être en vol. Voilà que cette catastrophe s'est produite. Nous sommes, ici, sur le site et nous constatons que l'avion était, pourtant, bien sur la trajectoire. C'est une série de situations dramatiques qui attristent l'ensemble du peuple et des dirigeants, le président de la République en premier», a-t-il dit.
Concernant les causes du crash, on n'en est encore qu'à des suppositions. Les conditions climatiques, avec l'orage qui frappait la ville, semblent en être la cause principale. Mais, certaines personnes évoquent aussi l'absence de balisage lumineux de l'axe de piste et même l'état de l'appareil lui-même. L'Iliouchine 76, un type d'avion dont la fabrication remonte aux années 70, devrait être, comme l'Antonov 12, interdit de vol au Congo. Mais, on continue de l'exploiter, dans la version cargo. Le crash de Makazou, à proximité d'un aéroport international entouré de quartiers d'habitations, devrait amener les autorités de l'aviation civile à retirer ce type d'appareil trop âgé, du ciel congolais.
Signalons que ce crash est le troisième du genre enregistré dans le pays, après ceux du cargo de type Antonov 12 de la compagnie aéro-fret-Business, à Loukanga et celui de T.a.c (Trans Air Congo), à Pointe-Noire
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